Un peu d’histoire…

Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ?

En 1959, Jacqueline et Olivier Périer allaient trouver madame Roex, directrice-fondatrice de l’école Singelijn, parce que des spécialistes anglais leur avaient conseillé d’inscrire Jean, leur fils sourd de quatre ans, dans une école d’entendants.

Le bain de parole dans lequel il serait plongé allait lui permettre, grâce à ses appareils auditifs, de tirer le meilleur parti de ses petits restes d’ouïe (comme en ont la plupart des enfants sourds) pour apprendre lui-même à comprendre et à parler.

Il apprendrait ainsi à vivre parmi ses camarades « entendants », malgré son handicap, s’exercerait à lire sur leurs lèvres, et pourrait suivre le même programme qu’eux.
C’était la première tentative en Belgique d’intégration d’un enfant sourd dans l’enseignement ordinaire.

Quelques années plus tard, le langage de Jean ne se développant pas suffisamment vite pour continuer à suivre les cours au niveau primaire, Madame Roex accepta, en 1961 de créer au sein de l’école Singelijn une « section pour enfants à audition déficiente » , qui commença sous forme d’une petite classe de quatre enfants ayant divers degrés de surdité.
Pour certains, ce serait un tremplin qui allait leur permettre, après un ou deux ans dans la classe spéciale, lorsque leur langage serait suffisamment développé, d’être intégré complètement dans une classe ordinaire.

Pour d’autres, à déficience auditive plus profonde, l’enseignement devrait continuer à être donné séparément, mais ils pourraient encore bénéficier, en dehors de la classe, de toutes les occasions d’intégration partielle qui leur étaient offertes .

Ainsi les enfants sourds ne seraient pas relégués dans des écoles spéciales isolées des autres enfants, et ils auraient au contraire tous l’occasion de rencontrer des enfants entendants de leur âge et de partager le plus largement possible leur vie scolaire.

Vu son succès, la  » section pour enfants à l’audition déficiente  » devient  » L’Ecole Intégrée  » le premier mars 1969 .

L’Ecole Intégrée fut la première de son genre en Belgique.

Son exemple a été suivi dans notre pays et à l’étranger, où elle est souvent citée comme l’école pilote et où son nom a été repris par plusieurs autres  » Ecoles intégrées « , en France notamment.

Lorsqu’elle adopta la méthode verbo-tonale, elle fut bientôt reconnue comme un de ses meilleurs centres d’application et de formation.

Grâce à la verbo-tonale, beaucoup d’enfants à déficience auditive sévère et profonde ont pu développer leur parole et leur langage suffisamment pour établir une bonne communication sociale et pour pouvoir s’intégrer, à différentes étapes de leurs études, dans des écoles d’entendants, quelques-uns arrivant même à poursuivre des études supérieures.

Et cependant, au fil des années, deux évidences se sont progressivement imposées :

La première, c’est que même avec la verbo-tonale une partie des enfants à surdité profonde n’arrivaient pas à acquérir une parole efficace, ni en expression ni en compréhension .

Nous nous trouvions parfois en face d’adolescents de 13 à 15 ans, souvent bien doués sur le plan des possibilités intellectuelles, et ne possédant aucun véritable langage, ni oral, ni gestuel.
C’ était là une situation intolérable, et pour eux, et pour nous.

La deuxième évidence fut plus difficile à admettre , parce que nous étions installés dans une confortable autosatisfaction, notre école avait bonne réputation, et plusieurs de nos anciens élèves
nous étaient reconnaissants de l’éducation exclusivement orale qu’ils avaient reçue.

Et cependant en y regardant de plus près, même ceux qui avaient réussi à acquérir un langage oral suffisant pour les besoins courants de communication sociale – ceux que nous considérions comme des représentants du succès de nos méthodes d’éducation n’avaient pas, lorsque leur surdité était profonde, un niveau de langage ni oral, ni écrit, correspondant à leurs capacités intellectuelles intrinsèques.

Leur vocabulaire était trop limité, et on constata chez eux une assimilation insuffisante des règles grammaticales et syntaxiques pourtant bien expliquées, et comprises, en classe, mais n’ ayant pas été intégrées en profondeur.

Sans en être conscients, nous avions admis comme inévitable qu’au terme de leurs études nos élèves aient, en plus de leur déficience sensorielle, une insuffisance linguistique .

 

Au terme de notre réflexion, nous avons retenu, en 1980, deux moyens susceptibles de modifier cette situation: la Communication Bi-modale, selon Hilde Schlesinger (1978), et le Cued Speech, ou, en français, Langage Parlé Complété (LPC) de Orin Cornett (1967).

La communication bi-modale, c’est l’utilisation simultanée de la parole et du signe: une même langue, dans notre cas le français, est exprimée à la fois par la parole vocale et par la parole signée: c’est le français signé .

De quels signes s’agit-il ?
Ce ne sont pas des signes artificiellement élaborés, ce sont ceux de la véritable langue des signes, que nous lui empruntons, en les utilisant dans l’ordre syntactique du français.

Ils nous sont enseignés par des professeurs sourds, qui ont bien compris notre démarche et y adhèrent totalement.

 

Très vite compris par les enfants, ces signes peuvent aussi être rapidement et facilement reproduits par eux, ce qui leur donne précocement le moyen de s’exprimer eux-mêmes sur un mode linguistique.

A l’école primaire, les professeurs utilisent les moyens de communication qui conviennent aux enfants de leur classe, FS ou LPC, tout en essayant de parvenir à une utilisation intensive du LPC.

Les enfants, eux, s’expriment en parole vocale et signée ou en parole vocale seule ou complétée par les clés du LPC.
L’utilisation régulière du LPC pour l’enseignement a pour but de permettre une acquisition étendue et solide de la langue française et de son code phonologique.

Il semble bien que la possibilité d’analyse phonologique offerte par le LPC soit un élément important pour arriver à une lecture efficace.

Il apparaît également que l’utilisation active des clés par les enfants facilite et améliore l’articulation.

En secondaire, l’utilisation généralisée du LPC rend la langue française complètement accessible. Il permet l’assimilation par l’usage – ce prince des maîtres – des arcanes de la grammaire, et du vocabulaire précis nécessaire aux niveaux supérieurs de l’enseignement.

Le LPC s’avère à ces niveaux plus souple et plus performant que ne pourrait l’être un français signé imparfaitement maîtrisé ou lacunaire.

L’évolution moyenne des enfants, depuis l’adoption de cette communication vraiment totale, est nettement plus favorable qu’elle n’était avant l’introduction des moyens manuels de communication.

 

Il semble bien que l’association de ceux-ci aux techniques audio-orales éprouvées telles que la verbo-tonale, permettront aux jeunes gens sourds d’atteindre au sortir de l’école une meilleure connaissance de la langue communautaire, le français dans notre cas, ainsi qu’une meilleure compétence dans sa compréhension et dans son expression orales.

Cela leur ouvrira plus grandes les portes du monde du travail et de la société des entendants. Ils auront également eu l’occasion d’acquérir un début de connaissance de la langue des signes, préparée par le Français Signé et par des cours donnés par des professeurs sourds, connaissance qui pourra se perfectionner par la pratique au sein de la communauté des sourds.

La réflexion actuelle porte sur l’introduction de la langue des signes, tout en conservant les acquis des autres moyens de communication et méthodes utilisées.

Et la section de type 4 ? Pourquoi le secondaire a-t-il deux implantations ?
A l’origine un secondaire expérimental existait à l’I.R.A.H.M., il dépendait de l’école fondamentale (le C.E.T.D.). 
La Communauté française dans un souci de rationalisation de l’offre d’enseignement a demandé que la section de type 4 ne soit plus expérimentale. 
 
En accord avec les conseils d’administration de l’A.N.E.T.P.C. (ancienne appellation de l’I.R.A.H.M.) et du Comité Scolaire de L’Ecole Intégrée, il a été décidé que la section secondaire de L’Ecole Intégrée organise un enseignement secondaire de type 4 forme 4. 
 
Le 1er octobre 1996, L’Ecole Intégrée a créé sa section de type 4 dans le bâtiment de l’I.R.A.H.M. en collaboration avec le Centre d’Hébergement et le Centre de Jour pour Enfants Scolarisés de l’I.R.A.H.M.